Revenir sur 40 années de recherche en Information – Communication peut sembler hors d’atteinte d’un seul universitaire, tant les productions scientifiques ont crû à travers le monde depuis le début du siècle et tant les travaux se sont diversifiés. Un tel bilan serait sans doute à la portée des principales associations mondiales de chercheurs, mais celles-ci n’ont guère les moyens de l’engager car elles restent marquées par leur histoire et sont insuffisamment représentatives tant sur un plan géographique que du point de vue des thématiques qu’elles couvrent. Et encore faut-il ajouter que les regroupements régionaux demeurent d’une efficacité inégale dans l’activation de la réflexion commune sur l’Information – Communication ; il n’est guère qu’en Amérique latine que l’on s’est donné les moyens organisationnels et intellectuels pour suivre réellement l’avancée des recherches et en diffuser les principaux résultats. Pourtant, les travaux circulent de plus en plus, les occasions d’échanges entre les chercheurs sont nombreuses et de nature diverse, et le nombre des publications a incontestablement augmenté et elles sont bien plus accessibles.
Établir un bilan, ou plutôt fournir des pistes pour y parvenir, demande de toujours situer ses recherches dans un environnement qui les dépasse et puisse les questionner. De fait, depuis un peu plus de quarante ans je suis mêlé de près à ce qui nous intéresse aujourd’hui, j’ai voyagé et échangé, et mes publications ont circulé ; mais, je me sens toujours extérieur au centre de la production scientifique mondiale, à savoir l’espace linguistico-culturel anglo-américain, et plus particulièrement les États-Unis. Les raisons de cette extériorité apparaîtront en conclusion.